Demeure d'O'Wolf

Placée quelque part, un peu à l'écart de la Ferme aux Poulpes, cette demeure, d'aspect quoique modeste, était confortablement équipé.

Lors de son achat, O'Wolf l'avait complétement modernisé de la salle d'eau à la cuisine, en passant par le chauffage centrale et par l'eau courante. Mais l'appartement était plutôt petit et ne composait que quelques piéces: deux chambres, une cuisine qui servait aussi de salle à manger, une salle d'eau, un salon et d'un minuscule vestibule. Il était donc, inutile de faire installer un réseau complexe de tuyauterie pour pouvoir communiquer avec le reste de la maison sans bouger de sa piéce.

Autour de la maison, gisait un jardin qui, entretenu à l'époque, ne l'était plus depuis la mort de Lavri de Rènine. Les mauvaises herbes sément la terreur et les ronces et les orties étouffent se qui était le fertile potager. Quelques oiseaux risquent encore à s'y aventurer mais ce ne sont que des corneilles ou autres oiseaux de malheur.

Depuis bien longtemps les visiteurs s’en sont allés, depuis bien longtemps les petits poulpes se sont endormis. En règle générale, la nuit, juste quelques romantiques couples de mollusques se promènent dans les allées sombres du parc. Parfois, une lumière scintille dans les ténèbres - celle des toilettes -, elle s’éteint quelques minutes plus tard, plongeant jusqu'à la fin de la nuit, la Ferme dans le noir le plus absolu...

Pourtant, depuis une bonne semaine, maintenant, les douces nuits du zoo aux poulpes sont déchirées par les plaintes, les gémissements, les cris, les râles, les pleurs d’un homme fou. Rares sont les moments de répit et de courtes durée ils sont.
Même le couple Poulpy est complètement dépassé. Lui, qui, d’habitude s’occupe de Wolfy lorsque celui-ci est malade ou, tout simplement, lorsque le besoin de parler à quelqu’un se fait sentir... Mais cette fois-ci, les deux mariés craignent que pour leur ami démoniaque, la folie ne soit la seule sortie sinon la mort.

Ah ! Oui, l’ancêtre d’O’Wolf avait eut une excellente idée de créer l’emprunt de corps pour plus de sécurité et de tranquillité, mais pourquoi fallait-il que les démons sans corps, soient si malades ? ! Pire : le seul remède connu contre leurs souffrances était un médicament qui rendait complètement dépendant, quiconque se risquait à en boire quelques gorgées...

O’Wolf souffrait. Pris entre une forte fièvre et des rêves éveillés, peut-être allait-il mourir sans avoir dit un dernier adieu à sa bien aimée de Lavri... Mais les Poulpy, veillaient inlassablement à son chevet et tentait d’apaiser ses maux. Ils lui préparaient des infusions de plantes contre ses fièvres ; ils lui changeaient ses draps souillés par ses vomis et ses délires érotiques ; il le lavait à l’eau froide pour lui faire retrouver ses esprits ; mais surtout, ils le faisaient parler pour lui garder au moins un pied dans le monde des vivants...

- Poupoupou, pou, poupoupou... Poupou Poulpy ! (Ca va lui passer, hein, ça va lui passer... Dis-moi que oui, Poulpy !)
- P... Poupou pou... (J... Je ne sais pas...)

Mais O’Wolf bavait, mais O’Wolf grognait et son état ne s’améliorait toujours pas...

Une nuit, la pire que vécut le couple Poulpy, le démon fut totalement incontrôlable. Il lui semblait voir sa femme revenir d’entre les morts, lui demandant de la suivre dans l’autre monde... Il voulait la suivre, les poulpes lui empêchaient ; il voulait rester à ses côtés, les poulpes le maintenaient parmi les vivants... Pendant plus d’une heure, le malade hurlait le nom de sa femme, pleurait, riait, frissonnait, s’agitait mais ne parvenait à quelque repos.
Finalement, le sommeil lui ouvrit les bras, laissant dans les bois alentours, les échos du seul mot qu’O’Wolf pouvait alors articuler : « Lavri ».

Il devait être dans les environs d'une heure du matin.
Avec les clés données par monsieur Poulpy, le Malade rentra chez lui.

**Penser à faire le ménage à ma prochaine visite...**

Il monta à l'étage, poussa la porte de sa chambre et se dépêcha de se changer.
Sa fiévre montante, il dut s'asseoir quelques instants pour se refroidir l'esprit.

- Oh non... Et ça qui s'y met...

Mais il se leva, il avait quelque chose à finir.
Il prit un bout de craie qui était posée sur son secrétaire et traça un dessin par terre, sur le parquet; le même qu'il avait dessiné dans la chambre d'auberge d'Ilorin Nazar.
Il se positionna dessus, joignit les mains en fermant les yeux, et récita une incantation.
Il disparut.

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Il réaparut dans ce même dessin, assis sur la malle remplie de livres judiciaires qu'il avait laissée dans la location de son dernier 'emprunt'.

- Diable que c'est pratique la télèportation avec symboles!...

Il regarda sa malle avec un sourire maladif.

- Tu croyais vraiment que j'allais t'abandonner, ma cocotte?... Voyons, je t'ai tout de même acheter, je n'allais pas te laisser à de vilains aubergistes qui t'auraient jeté, hein?

Il tappota la malle d'un air paternel puis se leva.

- Et oui, je te trouverai un petit coin tout chaud pour toi, ma toute belle mais en attendant... Si tu n'en vois pas d'inconvénients, j'ai quelque chose à finir.

Le Barde pénètra chez lui.
En refermant la porte derriére lui, de lourds moutons de poussiére de soulevèrent dans le vestibule.

- Et bien, y'en a du boulot à faire, ici...

A leur tout, monsieur et madame Poulpy entrérent dans la piéce. Ils emmenaient avec eux tout le nécessaire de nettoyage.

- Merci, mes vieux amis...

Il les enlaça affectueusement.

- Vous pouvez disposer à présent. Encore merci.

Les deux poulpes se retirérent, laissant derriére eux toutes leurs affaires.

**Il faudrait que je trouve le moyen de les remercier autrement que par de bonnes paroles...**

Il soupira puis se mit immédiatement au travail.
Pour ranger, nettoyer, réparer tout le rez-de-chaussés, il dépensa toute une aprés-midi de sa vie. Mais pour le premier étage, il ne put finir: il avait ouvert la malle pour y ranger ses livres dans des étagéres construites pour l'occasion.
Son regarda avit croisé indifféramment les livres judiciaires mais s'était stoppé au premier livre médical. Son titre: Traité sur les maladies infectueuses. Il y avait un probléme. Ensuite, le Barde lut le sous-titre: Définitions, planches d'anatomie, méthodes de traitement. Il y avait VRAIMENT un probléme. Il ouvrit le livre à une page quelconque et survola du regard un des articles définis: "IV CROISSANCE DE LA CAPACITE RESPIRATOIRE - L'amplification thoracique"... Il s'arrêta de lire net. Il referma précipitamment le livre et en ouvrit un autre. La définition médicale abordée était: "Panalalie." Le Barde répéta la même opération avec chacun des autres livres médicaux et lorsqu'il eut refermé le dernier, il s'écria:

- Depuis quand je sais lire ce genre d'horribles petits symboles, moi?!

Toute la théorie des 'emprunts' lui revint à l'esprit.

- C'est donc ça, la capacité offerte avec 'l'emprunt'...

Il acquiésa un léger sourire de satisfaction.

- Pas mal... Pas mal du tout...

Avec une fascination morbide, il reprit entre les doigts les livres médicaux et alla les poser sur son bureau. Il s'assit devant tout en ouvrant un de ces traités de soignants. A côté de lui, il avait pris de quoi écrire quelques nôtes utiles dans la vie future.

- Alors, voyons se que cela peut bien m'apporter de savoir lire ces étranges langages...

L'article de la page 137 parlait d'un mal nommé: "Tumeur cérébrale." Passionnant. Elle pouvait conduire à une paralysie génèralisée du malade comme à une morte foudroyante. Incurable. Superbe! Merveilleux! Divin! Les symtômes?... Lorsque le Barde les lut, il sentit toutes les couleurs de son visage disparaitre.

- Mais c'est ce que j'ai...

Les principaux symtômes étaient des migraines interminables, des vertiges et des pertes de connaissances.

- Bonjour.
- Poujour!

Ses affaires de travail coincées entre ses tentacule, le poulpe-menuisier n'attendait que l'accord du Barde pour commençait sa besogne.

- Hum! Vous faîtes aussi les prothéses médicales, donc...
- Oui. Enfin... Si le travail vient à me manquer... A mes heures berdoues dirons-nous...
- Je... Je suppose que l'on ne vous demande pas tous les jours de faire ce genre d'art du bois...
- Ouh que non!... Vous êtes brêt?
- Oui.
- Mountrez-moua voutre main...
- Voilà.
- ... Hmhm... Oui, oui, je voua, je voua... Brenons les mesoures; dounnez-moua voutre aoutre main... Et ça faaaiiiit... Cinq centimétres... Ok...
- Euh... Je ne m'y connais pas vraiment en bois mais... Pourrai-je avoir un bois qui ne pourrie pas; ou pas trop vite du moins? S'il-vous-plaît...
- Bah! Vous savez... Vous n'avez qu'à mettre une baire de bants étanches et voutre bouas sera au sec...
- Moui, c'est vrai.
- Et bour les laniéres? Vous brendrez dou couir?
- Ca me va.
- D'accourd.
- Quand aurai-je ma prothése?
- Poooouuuuu.... dasn deux semaines ça devrait être pon... Vous souhaitez oune moudéle articoulé, beut-être?
- Je préférerai, oui.
- Aloooors... Oui, oui, oui... Je nôute... Moudéle articoulé donc... Laissez-moua oune temps de rabide calcoul et ça vous fera.... 5 biéces d'argent.
- QU...?!... M... Bon, tenez.
- Merci, Sir et que le Grand Tchoupou veille sour vous.
- Oui, c'est ça, au revoir.

Suçant une pastille pour la gorge à la menthe, le poulpe-menuisier attendant son client comme un vieillard assis sur un banc pour mieux observer les passants.
Lorsque le Barde arriva, complétement essouflé sur le lieu du rendez-vous, la seule réaction du poulpe fut:

- Poujour!
- Bonj... our...!
- Vous êtes en retard.
- Je... Je sais... Dé... Désolé... J'ai... travers... é... toute la... capital... en... courant pour... arri... ver... un peu prés... à... l'heu... re...
- Mais vous êtes en retard.
- Je...
- Je me mouque de vous excouses... Pou! Coummençons, vous voulez bien? Dounnez-moua voutre main...
- Voi... Voilà...
- Merci!... ... ... On pranche ça ici, ça là et... on regarde si tout ceci fonctiounne. Fermez voutre main, s'il-vous-plaît.

Assez septique par tout l'artiraille branché à son simple petit moignon, le Barde referma doucement la main et sa nouvelle prothése se referma avec tout le reste des doigts intacts de la main.

- Alors, ça!
-Bas mal, hein? Ca souit chaque mouvement excécouté.
- Magnifique!... Mais vous ne pourriez pas en faire pour tous les emputés de l'Empire?
- Le seul broupléme avec ce tybe de technoulougie est que son temps de mise au bouint est long et que son brix élevé...
- Ah, ça...
- Sinon, vous bouvez être soûr que je broubouserai de tels moudéls aux Tembliers même!
- A qui?
- Vous ne counnaissez pas les Tembliers?
- Non.
- C'est oune ourganisation de fervents d'Aaripa qui aident et souagnent les souldats.
- Je vois... ... ...
- Vous baraissez pien songeur tout d'oune coup.
- Ce n'est rien. Bon! C'est pas tout mais vous devez avoir du travail, hm?
- Oui.
- Alors, je ne vais pas plus vous embêter. Merci pour tout.
- Au blaisir. Que le Grand Tchoupou veille sour vous!
- Sur vous aussi.

- Attention! Attention! Laissez passer!... On vous l'met où, m'sieur Perenna?
- Là, là, dans le coin... Doucement... Dooooouuuucement... STOP! Là, c'est parfait! Merci pour tout, les gars. Tenez, pour vous.
- Merci m'sieur et qu'Aariba veille sur vous.

L'alambic avait été rangé dans la cave de la propriété des De Rènine. Le Barde l'avait fait commandé à un chaudronnier il y a plus de deux semaines mais le résultat vallait bien toutes les attentes du monde, tant le résultat était proche de la perfection... En apparence du moins.

- Et... que comptes-tu faire de cela?
- Et bien, je ne le sais pas trés bien moi-même, mon cher Poulpy... Mais je pense faire des distillations pour mes expériences, ce genre de trucs...
- Quand sera faite sa premiére utilisation?
- Lorsque je me serai assuré qu'il fonctionne correctement et qu'il n'y a aucun risque d'explosion ou d'implosion lorsqu'il aura, dans ses conduits, quelques produits chimiques extrémement corrosifs et dangereux.
- Tu vas commencer par quoi?
- Je pense faire de la biére.
- De la biére? Toi qui bois pas, tu penses faire de la biére? Et pourquoi pas du parfum?...
- Du parfum?...
- Oui, du parfum.
- Mais du parfum de quoi?
- T'as pas une préférence?
- Une préférence... Si, peut-être, peut-être...

L'aprés-midi même, le Barde alla acheter des kilos de pommes ainsi que des lilas et commença sa toute premiére distillation.

Toutes les réserves de vodka et d'alcool en génèral, d'O'Wolf de Rènine avaient été vidées dans l'alambic. Et, à présent, le Barde ajoutait à l'intérieur de vitriol bleu... Ca formait un drôle de mélange avec de drôles de couleurs. Vikenti versa encore de l'eau et m'élangea consciencement le liquide ainsi créé. Une odeur fétide s'en dégagea, preuve que le mélange s'était assez homogénisé. Le Barde pouvait faire les branchages adéquates à allumer un feu assez vivace sous le ballon.
Une fois tout installé et pouvant fonctionner en parfaite autonomie, le Barde alla s'assoir dans un coin de la cave et attendit... Il finit par s'endormir.





Lorsque Vikenti rouvrit les yeux, la distillation avait presque terminée, ce n'était plus qu'une question de minutes... ... Il alla voir le résultat de son expérience et fut presque déçu de voir un distillat si... bénin. Aprés avoir débrancher tous les tuyaux de l'alambic, il récupéra le petit réservoir et le posa sur une table, au centre de la piéce. Il s'assit devant et le regarda... Quoi? Ca, aider des malades à moins souffrir? Admettons. Autant essayer sur soi-même puisque personne ne voudra le faire à notre place. Timidement, le Barde renifla le contenu du distillat obtenu et aprés quelques bouffées d'inspiration, le Barde tomba de sa chaise, endormi.






- Popou? Popou? Poupou?
- Hein?...
- Pou!

Le Barde réouvrit les yeux... Poulpstein, enfant, le regardait et s'inquiêtait un peu de son état de santé.

- Ah, c'est toi...
- Pou?
- Et naturellement, tu ne me comprends pas et c'est réciproque...
- Pou?
- Non, rien, laisse tomber, petit.

Le Barde se rassit sur sa chaise et regarda Poulpstein enfant. Grace à des mimiques, il lui demanda combien de temps était-il resté endormi. Le poulpe répondit, par gestes, qu'il était resté inconscient pas trés longtemps, juste trois, quatre minutes, pas plus.

- Ca a donc eu l'air de fonctionner... Dis-mwa petit...

Le Barde lui fit comprendre qu'il voulait, lorsqu'il serait à nouveau endormi, que le petit poulpe lui blesse le bras avec un couteau. Le Poulpe eut l'air de comprendre car il acquiésa.
Comme la derniére fois, l'humain respira quelques bouffées de son produit et retomba dans un profond sommeil.





- Hu... Mais... STOP! MAIS CA VA PAS LA TETE?!

Le petit poulpe, le couteau en sang s'arrêta immédiatement et regarda Vikenti qui déjà se plaignait des blessures à son bras.

- Rah... Putain, je pisse le sang...
- Pou?

Poulpstein voulut continuer -serait-ce par sadisme?- mais le Barde lui en empêcha en le repoussant.

- Au moins, une chose est sûre: je n'ai rien senti pendant tout mon sommeil.
- Pou?
- Oui, rien du tout. Et c'est une bonne chose, tu veux savoir pourquoi?
- Popou?
- Car ça prouve simplement que le produit fonctionne!

Le Malade réaparut dans la cave de chez lui. Il ne s'était jamais senti aussi bien depuis longtemps... C'était un mélange de puissance mesquine et d'exaltation des sens. C'était mauvais mais si ennivrant!
Assis au milieu de son Symbole de téléportation utilisé, ses épaules étaient secouées convulsivement par des ricanements morbibes.

- Ahahah... Oh, la bande de cons! Ahahah, mais ils tiraient de ces têtes d'abrutis! C'était trop tordant! AHAHAHAH! Et Vyn Qui a raté ça!! Mais! Mais! Mais!...

Il porta ses mains à ses yeux qui s'étaient percés de torrents de larmes.

- ... Mais qu'est-ce que j'ai fait?... Mais qu'est-ce que j'ai fait?!

Le Malade pleurait.

- Du courrier pour toi, Iermil!
- Merci Poulpstein!

Le démon attrapa l'enveloppe qu'il ouvrit d'un coup de griffe bien placée.
Rapidement, il la parcourue du regard pour connaître le style, les motivations et l'expéditeur de la lettre: style maternel, un nouveau Symbole était disponible et c'était signé par la môman du Malade.

Citation :

"Mon doux Iermil,

"J'ai l'immense joie de t'annoncer que le Symbole de Téléportation à un Symbole est désormais disponible!
"Naturellement, ce Symbole nécessite plus de puissance qu'un seul Symbole de téléportation à une seule Unité, naturellement... Mais ses effets et fonctions sont forts intéressants!

"Tu fais ton Symbole, tu places se dont tu as besoin de téléporter dedans, tu te rappelles mentalement l'endroit où tu veux téléporter se dont tu as besoin, et tu incantes!

"Facile, rapide, efficace.
"Plus besoin de courir de droite à gauche pour se téléporter.

"J'ai à faire, je dois te laisser, ton pére a besoin d'un bon thé pour enraillé son rhum.
"Je t'embrasse fort.

"Ton maman chérie.
"PS: Le symbole de téléportation se détruit tout seul aprés son incantation!... C'pas beau de voir, ça? =)"

- Bonnes nouvelles?
- Excellentes!

- Attention à l'accent, surtout.
- Oui!
- Alors, recommence et mets bien l'accent cette fois-ci.

O'Wolf de Rènine s'échauffa la gorge et articula une phrase quelconque:

- J'aime le ciel rose et les petits oiseaux qui gazouillent dans les arbres mauves.
- NOOOON!
- Quoi encore?!
- L'accent! Tu oublies à chaque fois l'accent!
- Ouais, ouais, je sais...

Le kalinkien artifiel prit une grande bouffée d'air et recommença un discours:

- L'autre nuit, j'ai fait un rêve dans lequel je dansais avec une ange bleue... LA, ça va?!
- Mieux.
- Ah!
- Mais roule un peu plus les "R" et descend un peu plus dans les grâves et ça sera parfait. Là, tu as l'accent lorsque, officiellement, tu as quitté l'Empire... Je te rappelle que tu es revenu dans ton pays d'origine!
- Oui, oui et que par conséquent, j'ai à nouveau un accent kalinkien pas possible!
- Exactement!... Allez, on reprend... Une, deux!...

Allongé sur un divan, O'Wolf rouvrit les yeux... Le mal de crâne qui naquit immédiatement, lui fit comprendre que sa nuit avait été trop courte et qu'il avait mal dormi.

Avec lenteur, il se traina jusqu'à la piéce d'eau où il s'oberva longuement dans une glace... ... Il était mal rasé, mal coiffé, l'air usé, amaigri... Il ne dut pas réfléchir trés longtemps pour se convaincre qu'il fallait qu'il change... Son mental changeait tout seul mais son physique aurait besoin d'un peu d'aide pour changer...

O'Wolf se saisit d'un rasoir et se tailla la barde de trés prés puis, avec ce même rasoir, il se coupa ses longues et légendaires méches de cheveux qui lui pendaient devant la face.

Maintenant, il semblait plus sérieux, plus adulte.
Maintenant, sa vengeance pouvait commencer...

Assis par terre, en boule dans la poussiére, O'Wolf attendait...
Il ne savait même pas lui-même pourquoi mais il tentait de se rappeler se qu'on appelle "bonheur".

Depuis qu'Elle était morte, il saignait...
Depuis qu'Elle était morte, il pleurait...
Depuis qu'Elle était morte, il... crevait...

Peu à peu, il sentait sa raison le quitter... Encore une fois... Rien qu'une fois... Il fallait qu'il la sente contre lui... Sa peau nue contre la sienne... Rien qu'une fois... Aprés, il pourrait mourir, il s'en fouterait, il l'aurait senti contre lui juste une fois... Rien qu'une fois... Encore une fois...

Il n'avais jamais su si elle lui en avait voulu... Avoir épousé un démon? Qui l'aurait fait en connaîssant toute la vérité sur son futur mari?... Personne, naturellement... Le mensonge, encore et toujours le mensonge... Même à sa propre femme...

Il devait la revoir encore une fois... Rien qu'une derniére fois... Pour se faire pardonner... De tout et même d'avoir été réellement lui-même rien qu'une fois... Dans un esprit troublé, cette pensée devenait une véritable obsession... Elle était partout... Elle le surveillait avec un air d'inquisitrice vengeresse... Elle le dénonçait du regard... Il délirait...

Pourtant, il ne lui avait voulu que du bien... Et à présent, il souhaitait que se faire pardonner... Se faire pardonner de tous les pêchers qu'il avait commis... Se faire pardonner de lui avoir menti sur tout, sur sa vie, sur son identité, sur tout...

Dans le vide de sa maison, O'Wolf regardait les oscillations d'un pendules s'effectuaient monotonement... Tic-tac, tic-tac... Voir le temps passer et la durée de sa vie diminuait, quel passe-temps morbide, n'est-ce pas?...
Pendant un court instant, son regard s'illumina d'une lueur ancienne... Il repensait à son aventure avec Serya puis oublia... La lueur s'éteignit.

Dans un coin d'ombre, quelque chose bougea.
Il y avait quelqu'un, O'Wolf le sentait.

Elle arrivait. Elle l'observait.

- Qu'est-ce que tu me veux encore, Lavri?

Naturellement, elle ne répondit pas. Elle ne pouvait pas répondre. Elle était morte.

- Qu'est-ce que tu me veux encore, Lavri?

A nouveau, aucune réponse.

- Tu serais jalouse car j'ai osé ne pas penser qu'à toi pendant quelques instants, c'est ça?

Grand silence.
O'Wolf fronça les sourcils et se leva de la chaise sur laquelle il était assis. Il fonça sur l'ombre de Lavri.

- Alors désolé de te décevoir mais je peux très bien me passer de toi, tourner la page et refaire ma vie, ma cocotte!

Lavri se mit à sourire avec moquerie.

- Quoi? Tu ne m'en crois pas capable, c'est ça?!... Détrompe-toi, Lavri, détrompe-toi! Je ne suis pas comme tu le crois!...

Peu à peu, il sentait ses yeux se mouiller.

- ... Et je vais te le prouver dès maintenant, Lavri, dès maintenant!

Râgeusement, il ravala ses larmes et quitta son domicile en claquant la porte.
Lavri souriait et se mit à le suivre.

Alongé sur un divan, O'Wolf attendait que la Mort daigne enfin à venir le chercher... Le pendule continuait de se balançait... Tic-tac, tic-tac... Même aprés la mort à O'Wolf, il continurait de se balancer, lui... Tic-tac, tic-tac... Ce bruit l'empêchait de dormir à moins que ce ne soit sa fatigue qui l'empêchait de fermer les yeux... Mais pourtant! Qu'il était fatigué! Il fallait dire aussi qu'aprés avoir forniquer avec toutes les filles de joie de la Capitale, un léger besoin de sommeil se faisait sentir... Tic-tac... Pathétique.

- Alors, Wolfy? C'est comme ça que tu vois le reste de ta vie sans Elle?... Noire et triste?... Ou peut-être trouveras-tu une compensation de Ses baisers dans les bras de catins?... ... Et au suicide? As-tu songé au suicide?... Oui, bien sûr, mais rien ne te répugnes plus que le suicide. C'est... lâche et dégueulasse pour les vivants...

O'Wolf dressa l'oreille... Tic-tac, tic-tac... Elle arrivait, Elle s'approcha, Elle l'observait.
Ils s'échangérent un long regard dépourvu de sentiment. Tic-tac, tic-tac...

- Tu me veux quoi, à la fin?

Tic-tac, tic-tac.

- HEIN?! TU ME VEUX QUOI, LA FIN?!

Cette fois, s'en était trop.
Il sauta hors du divant et fonça sur elle, les deux poings menaçants...

- Tu veux me rendre fou, c'est ça?! C'EST CA?!

Elle ne répondit pas.
Tic-tac, tic-tac...

Et l'un aprés l'autre, réguliérement, ses coups frappérent le vide et son imagination de malade...

- Tu m'aides, Poulpy?
- Ouais!
- Merci, vieil ami.

Déjà, les premiers coups de balais commençaient à être donnés sur le sol poussiéreux du domicile d'O'Wolf de Rènine.

- Tu sais... Je m'excuse de t'en demander autant.
- C'est pas grâve, c'est pas grâve, ça me fait plaisir ^^
- N'empêche, ça me géne qu'en même un peu...
- Le Grand Tchoupou nous enseigne qu'il faut aider son prochain alors j'aide mon prochain.

Ils ouvrirent en grand les fenêtres, un bon air chaud et délicat pénétra dans les salles.

- AAAH Ca fait du bien! Un bon nettoyage de printemps, rien de tel pour se changer les idées!...
- Et enlever toutes les mauvaises odeurs!
- ... Du passé...
- Je te demande pardon?
- Non, rien, je pensais juste à voix haute...
- D'accord.

Et c'est ainsi qu'avec l'aide du Monsieur Poulpy, toute la maison d'O'Wolf fut nettoyée, réparée au besoin, et réemménagée selon les goûts du kalinkien.
Plus rien n'était comme avant, même le moindre petit grain de poussiére avait changé et puis... et puis, il y avait cette forte odeur de roses qui enveloppait et recouvrait tout dans un parfum ennivrant.

- LA! Pose-le LA! Ca serait parfait!

Monsieur Poulpy, Poulpstein et l'impérial démoniaque posérent d'un bond le mage rouge qui venait, quelques minutes auparavant, de sauver la vie du démon.

- Je pense qu'il serait intelligent que je m'en aille. C'est un étranger, je suis un démon, nous sommes dans la demeure d'O'Wolf de Rénine.
- Oui, pars.
- Je te le confie, tu t'occuperas de lui, nous sommes d'accord?
- T'inquiête pas, va! :p
- Ok, j'te fais confiance. Poulpstein, tu viens? On doit me faire un nouvel Emprunt.

Ils laissérent Monsieur Poulpy seul avec l'inconnu gardé couché entre un confortable divan et une couverture bien chaude.

Son nouvel Emprunt Artifiel créé, O'Wolf de Rénine retourna chez lui pour se consacrer à la rédaction de son rapport qu'il devait fournir à l'Empereur pour résoudre l'affaire du Démon Impérial...
Rapidement, il parcourut du regard se qu'il avait déjà nôté...

**Les meurtre d'Ilorin Nazar, avocat impérial dont le corps fut retrouvé nu et froid dans un pentacle démoniaque dans le Temple Impérial; et de Vikenti Perenna, barbe et ancien directeur et propriétaire du Caducée Blanc, donc le corps fut retrouvé pendu dans les Jardins Impériaux furent commis (tous les experts impériaux confirment cette thése judiciaire)par le même et unique facteur criminel, par se qu'appellent les citoyens de l'Empire: "le Démon de l'Empire"...
**De plus, cet ennemi démoniaque semblait connaître ou du moins, avoir des rapports conflictuels avec l'Ambassadeur Impérial Neal Vyn. A chaque fois que la vile créature faisait une apparition publique, elle évoquait toujours la personne de Neal Vyn...**
**... Cependant, une erreur judiciaire conduisa l'impérial O'Wolf de Rénine en prison et l'accusa d'être le Démon de l'Empire qui, selon les dires, pourrait "emprunter" des corps et ainsi, prendre l'apparence de ses victimes...**
**... Aprés de longues et éprouvantes semaines passées dans les prisons impériales, on eut l'ordre de relâcher le Sir O'Wolf de Rénine. Deux gardes furent chargés de le reconduire sur le chemin de la Liberté.
**Cependant, il se trouva que l'un des deux gardes était en fait, le Démon de l'Empire qui avait "emprunté" le corps d'un soldat impérial pour parvenir à ses viles fins.
**Le démon se trouva, en fait, être une démonne.
**Elle était de taille moyenne, de silouhette fine et d'âge mûre. Elle était en possession d'une paire d'ailes écailleuses, de petites cornes au niveau du front, des yeux jaunes aux pupilles fendues, de canines pointues, et aux cheveux d'un roux flamboyants.
**Devant témoins, elle a avoué être la Démone de l'Empire.
**Sous le prétexte de vouloir débarasser d'un Empire qui voulait absoluement tuer O'Wolf de Rénine, cet individu, la démone le captura et l'entraîna, avec elle, à l'extérieur de la Caserne Impériale par un sort de téléportation...**

Puis, il recommença à écrire avec soin:

**C'est ainsi que l'Impérial O'Wolf de Rènine se retrouva seul, dans un milieu végétal qui lui était totalement inconnu (en forêt probablement), avec la démone de l'Empire.
**Immédiatement, celle-ci lui exposa ses projets futurs à son égard: le tuer purement et simplement. Cependant, O'Wolf de Rénine n'était pas attaché et ne se laissa pas tuer aussi facilement... Une lutte s'engagea donc entre l'Impérial avec l'être démoniaque qui, voyant la résistance de sa victime, dut utiliser sa magie...
**Sa magie devait être utilisée grâce à un petit carnet (qui partit immédiatement en poussiére à la mort de la démone) sur lequel devait être nôté les divers sorts que la démone pouvait utilisée en les touchant...
**Quoi qu'il en fut, l'Impérial O'Wolf put lui faire lâcher son carnet et lui mettre hors de sa portée puis, aprés un long combat en corps à corps pendant lequel la démone blessa durement le membre de l'Empire, celui-ci réussit à trancher la tête de la démonne avec l'arme de soldat qu'elle avait emenné avec elle, pendant leur téléportation.**

Et ben! C'était assez nul pour un premier rapport à transmettre à l'Empereur mais bon.

Aidé par quelques poulpes collégues et amis, O'Wolf rassemblait ses affaires et triait celles qui seraient, dans un avenir proche, vendues et celles qui seraient gardées pour un logis plus modeste.
Ainsi, les meubles les plus abimés et ceux qui ne représentaient aucune valeur particuliére aux yeux du kalinkien, furent vendus à un prix négligeable aux ménages poulpiens les plus modestes; les livres documentaires et informatifs furent légués généreusement à l'Ecole des Petits Poulpes; les autres bibelots peu utiles dans la vie d'un célibataire impérial, furent vendus en gros sur la Place du Marché de la Ferme et de la Capitale Impériale.
Pour le reste des objets, ils furent laissés à leur place d'origine, O'Wolf les prettant au prochain propriétaire des lieux.

Le temps vint enfin, au nettoyage et à la réparation du domicile. Il n'avait pas grand-chose à remettre en ordre, à vrai dire, juste quelques petites chose de ci et de là, à corriger et réctifier. Un coup de balais fut donné. Un coup de peinture fut déposé sur les volets. Un drap fut reccousu. Une planche fut cloutée. Une haie fut taillée. Une pomme fut mangée.

La maison respirait un rangement qui allait manquer à un ancien propriétaire qu se dépêchait de s'en aller.