La nuit était tombée depuis bien longtemps sur la Capitale. Plus un bruit, plus un mouvement, seul brisait ce silence le bruissement des arbes agités par le vent. Une main fébrile se posa sur le tronc d'un vieux chêne. Une fine silhouète se dessina dans l'obscurité oppressante de la forêt, couvetre d'une longue cape noire, une capuche rabattue sur son visage. De son autre main, elle serrait un pan de sa cape. Un puissant coup de vent repoussa la capuche, libérant une cascade de cheveux blonds et un visage d'elfe. Un craquement se fit entendre derrière elle. sans même se retourner, elle murmura quelques mots. Un cheval s'avança alors et se plaça à ses côtés. Elle effleura d'une main tremblante le museau de la bête qui baissa la tête. La jeune fille continua de fixer l'ombre sans un mouvement de plus, comme de peur d'être traquée. Puis, après avoir attendu un moment ainsi, elle se laissa glisser sur les genoux, le souffle court. Le cheval fit de même, s'allongeant instinctivement à côté d'elle. Elle passa son bras autour du cou de la bête, et se remit à scruter les alentour, le regard animé par une peur visible. Pourquoi était elle revenue ?
Le flou total régnait dans sa tête. Plus de souvenirs, plus rien. Juste une douleur alarmante dans ses tympans. Elle avait 'repris conscience' depuis peu. Elle s'était retrouvée allongée dans une ruelle sale et ténébreuse. Pourquoi, comment ? Elle se souvenait vaguement de s'être endormie à côté de lui. Puis plus rien ... Elle sentait bien que beaucoup de temps s'était écoulé depuis. Elle le sentait. Après s'être relevée, elle avait remarqué l'était lamentable de ses vêtement, les membres endoloris et faibles, comme si elle s'éveillait d'un long coma. Elle avait mit plusieurs minutes à se rappeler son nom, puis un flot de pensée lui revinrent à l'esprit. Puis quoi encore ?
Voler un cheval, se renseigner. Elle se sentait observée à chaque instant, à chaque seconde. Que s'était-il passé ? Mais un désir irrépréssible surmontait tout le reste. Elle voulait le retrouver. Par miracle ou par hasard, elle avait happé quelques informations pour le localiser. Après plusieurs longs jours de chevauchée douloureuse, elle se retrouvait ici. Maintenant, assise au pied de cet arbre, elle doutait. Elle se sentait étrangère à elle même. Et si il ne la reconnaissait pas ? Elle ignorait totalement pourquoi elle s'était retrouvée si loin de son foyer. Elle était allée à la cathédrale. Vide, ruines, désolation ... Combien de temps s'était écoulé ? Elle avait peur, oui elle avait peur. A présent qu'elle se trouvait dans cette contrée encore inconnue pour elle, le doute s'impregnait lentement à elle. Dérision, déraison ...
Peut-être était elle devenue folle. Elle se sentait totalement inconsciente de ses gestes, elle n'était pas même maitre de ses pensées. Elle porta sa main à son cou et se mit à serrer. Une amertume lui restait au fond des entrailles. Elle aurait voulu courrir, loin, s'évader quelque part où la souffrance n'était plus de mise. Mais un tel endroit n'existait pas. Elle se sentait si sale à l'interieur, au fond de de son corps, souillée. Ironie ou vérité ?
Elle serra son poing qui se referma sur du vide. Un vide oppressant, douloureux. Elle aurait voulu que ses doigts se ferment sur son visage, que son odeur s'imprègne à sa peau. Après avoir remit quelques mèches derrière ses oreilles pointues, un sanglot l'éttouffa. Où es tu ? Vicius, où es tu ?
Sujet: Noire, nuit noire ...