Le journal d'Hotohori : tome 1 et 2

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TOME 1

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Chapitre 1 :

Hotohori naquit sur l’île d’Ishihawa dans la baie d’Edo (actuelle Tokyo) juste après a bataille dans la vallée de Sekigahara qui marqua la fin de l’ère Keichô. Elle était issue d’une famille de paysans.
Lorsqu’elle eut 5 ans, elle commença à travailler dans les rizières avec le reste de sa famille. Le travail était épuisant surtout pour une enfant aussi jeune… mais le soir venu, Hotohori trouvait encore la force de chanter pour distraire sa famille.
Le jour de ses 7 ans, une étrange femme vêtue d’une cape noire entra dans le petit okiya (maison en bois) ou vivait toute la famille… après avoir été plusieurs fois respectueusement saluée et remerciée par les parents d’Hotohori, la femme en noir s’agenouilla avec grâce et élégance devant la table en bois dans la grande pièce. Elle demanda à Hotohori de lui servir du thé. Lorsque ce fut fait, la mystérieuse femme ne prit même pas la peine de le boire et demanda à Hotohori de lui chanter quelque chose… Hotohori s’exécuta même si elle ne comprenait absolument rien à se qu’il se passait. On lui demanda ensuite d’aller dans sa chambre.
A travers le mur de papier, elle entendit une étrange conversation : il était question d’argent et de l’avenir d’Hotohori. Soudain, la porte de la chambre s’ouvrit, Hotohori fur emportée par la mystérieuse femme et emmenée dehors. En repassant par la grande pièce, Hotohori vit sa mère allongée sur le sol, pleurant à chaudes larmes tandis que son père cachait une bourse sous une dalle de la cuisine.
Hotohori fut jetée dans une charrette où se trouvaient déjà plusieurs autres petites filles qui pleuraient. La charrette démarra d’une violente secousse et quitta le village. C’est alors seulement qu’Hotohori compris… elle ne reviendrai jamais dans ce village qui l’avait vu naître et ne reverrait jamais sa famille. Les larmes coulèrent sur ses joues. Etait-ce de tristesse car sa mère ne la serrerait plus jamais dans ses bras ou de haine vis à vis de son père qui l’avait vendue sans scrupules….

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Chapitre 2 :

Une secousse réveilla Hotohori. La charrette venait de s’arrêter. Depuis qu’elle avait quitté le village, elle n’avait cessé de pleuré et avait fini par s’endormir. Elle ignorait combien de temps elle s’était assoupie et elle ne savait pas où elle était. On fit descendre de la charrette les petites filles épuisées. Hotohori se retrouva avec les autres en plein milieu d’une grande cour entourée d’immenses bâtiments traditionnels. On se serait cru dans un palais… peut être en était-ce un ?
- « ohayo gozaimass »
Une voix de femme la fit sursauter. Cette voix… elle lui était familière. Les jeunes filles se retournèrent toutes en même temps dans la direction de la voix. La femme en noire se tenait devant elles. D’un mouvement rapide mais toujours gracieux , elle ôta sa cape sombre pour laisser paraître un visage au teint très blanc et des lèvres rouges délicatement maquillées. Elle portait un superbe kimono en soie bleu pâle orné de motifs de fleurs. Ses cheveux étaient soigneusement coiffés selon la tradition des femmes de cour.
Jamais Hotohori n’avait vu d’aussi belle femme. La courtisane s’avança puis s’inclina très légèrement pour saluer les petites filles pétrifiées par tant de beauté.
« je me nomme Ono no Komachi. Mais vous pouvez m’appeler Mama san puisque vous me considérerez comme votre nouvelle mère à présent. Je suis la dirigeante de l’école des Geiko de Kyoto la plus prestigieuse du Japon où vous avez été placées par vos parents. Vous avez été choisies en fonction de vos qualités alors ne nous décevez pas. Vous subirez une période d’essai de 3 mois avant de devenir Maiko (apprentie geisha). Durant ces 3 mois, vous recevrez les visites de vos futures bienfaitrices qui choisiront de vous prendre sous leur aile au terme de cette période. Les jeunes filles qui ne trouveront pas de bienfaitrices seront renvoyées dans leur village. A présent, suivez moi»
Les jeunes filles, à la fois éblouies par Mama san et terrorisées par tout ce qu’elles venaient d’endurer jusqu'à présent entrèrent dans l’un des immenses okiya…

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Chapitre 3 :

Durant trois mois, les petites filles subirent un enseignement très intensif. On les initia à l’art de se vêtir, se coiffer et se maquiller. Elles apprirent à chanter , danser, jouer du shamisen, à servir le thé selon les traditions et faire la conversation. Parfois, quelques bienfaitrices parcourraient les couloirs et observaient les progrès des débutantes. Sans jamais montrer de signe de préférence ou d’intérêt envers les jeunes filles.
Enfin, le jour tant redouté arriva. Ono no Komachi entra dans la salle de cour de danse, suivie d’une vingtaine de bienfaitrices, toutes aussi richement parées les unes que les autres.
Les débutantes s’inclinèrent poliment comme on leur avait appris. Mama san sortit un éventail et commença à l’agiter. Elle supportait mal les premières chaleurs de l’été et le maquillage blanc coulait de sa nuque jusque sous son kimono.
« Voici les bienfaitrices qui ont accepté de s’occuper de certaines d’entre vous. Mesdemoiselles, servez les avec respect et reconnaissance. Sans ces bienfaitrices, vous n’êtes rien. Les bienfaitrices viendront vous chercher pour vous emmener chez elles. Vous ne dormirez donc plus dans les locaux de l’école. vous continuerez à prendre des cours dans l’établissement mais n’y serez plus pensionnaires. »
Sur ces brèves paroles, Ono no Komachi se retira. Certaines bienfaitrices se dirigèrent immédiatement vers des débutantes et commencèrent à discuter. Hotohori était terrorisée, un groupe de bienfaitrices discutait sans s’approcher des débutantes. Se disputaient elles l’une d’entre elles ou se rendaient elles compte qu’aucune des autres débutantes ne valaient la peine d’être prise en charge ? Pendant un instant, Hotohori se senti défaillir…
C’est alors qu’enfin, une courtisane s’approcha d’elle. C’était une femme agée vêtue d’un kinomo violet, ses cheveux dans lesquels elle avait piqué des fleurs étaient déja tous gris et sa peau était toute ridée. Elle s’inclina devant Hotohori qui fit de même. Elle avait enfin été choisie.
La bienfaitrice de Hotohori se nommait Kawamura san. Elle habitait dans le quartier de l’école et était déjà la bienfaitrice d’une maiko arrivée il y a 8 ans et qui avait bientôt remboursé sa dette envers Mama san et Kawamura san elle même. Le soir même, Hotohori quittait l’école pour aller vivre chez Kawamura san.

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Chapitre 4 :

Durant les 12 années qui suivirent, Hotohori resta une Maiko. Elle allait en classe vêtue d’un kimono tous les jours et essayait de parfaire son éducation jusqu'à atteindre la perfection. Ce qui faisait la plus grande joie de Kawamura san.
Kawamura san était, comme toutes les bienfaitrices, une ancienne geiko de profession. Elle arrêta de travailler lorsque l’un de ses clients lui fit une promesse de mariage. Une geiko mariée ne peut plus exercer son art.
Au fur et à mesure des années, Hotohori grimpait dans la hiérarchie des Maiko : les plus anciennes sont les plus respectées tandis que les plus jeunes leur doivent soumission. Parfois il lui arrivait de croiser des Geiko professionnelles venues se perfectionner ou entretenir leurs talents.
Le jours de ses 13 ans, Hotohori fut considérée comme une jeune femme et fut autorisée par Ono no Komachi et Kawamura san à travailler pour rembourser sa dette.
Tous les soirs après les cours, Hotohori était chargée avec des Maiko du même âge de divertir les clients trouvés par Kawamura san. Leur rôle consistait, comme les geiko professionnelles à servir le thé et le saké ainsi que organiser des divertissements. Les Maiko pratiquant le métier restent cependant des yujo (simples dame de compagnie ne vendant pas leurs charmes).
A ses 19 ans, Hotohori eut enfin remboursé sa dette auprès de Mama san et Kawamura san. Le moment était venu pour elle de quitter l’école. Elle n’était plus Maiko à présent mais Geiko, ce qui la contraignait à ne plus vivre chez Kawamura san dont le rôle se limitait à l’éducation des Maiko. C’est pourquoi Kawamura san se chargea de trouver un danna (protecteur) pour Hotohori. (Le danna est le plus souvent un noble qui accepte les geiko en tant que simple yujo).

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Chapitre 5 :

Un matin, après s’être longuement préparée comme à son habitude, Hotohori descendit dans la cuisine de l’okiya de Kawamura san. Elle fut surprise de la découvrir prenant le thé en compagnie d’un jeune homme très élégant. Il portait un yukata bleu et avait un katana à la ceinture. Il était de dos et Hotohori fut tout de suite fascinée par ses long cheveux d’airain noués dans le dos par un ruban rouge. A la vue de Hotohori, Kawamura san baissa les yeux. Sentant la présence dans son dos, le jeune homme se retourna et son regard croisa celui de Hotohori.
Pendant un cour instant, Hotohori ne su quoi faire. Elle était comme hypnotisée par le regard de ce jeune homme. Reprenant ses esprits, elle s’inclina en guise de salut. Le jeune homme lui rendit son salut et reprit sa conversation avec Kawamura san.
Sentant bien qu’elle était de trop, Hotohori sortit. Elle tourna en rond dans le quartier des Geisha longtemps, sans pouvoir penser à autre chose que ces yeux noirs qui la fixait. Qui était ce jeune garçon, était-ce lui son futur danna ? et était-ce cette émotion la que l’on appelait amour ? Hotohori avait le pressentiment que ce jeune homme jouerait un rôle important dans son existence. Lorsqu’enfin elle redescendit sur terre, elle décida de rentrer.
« que faisais tu, nous nous demandions où tu étais passée » s’écria Kawamura san. Hotohori ne répondit même pas et baissa les yeux. Le jeune homme était encore la.
« bon, ce n’est pas grave, Hotohori, j’aimerais te présenter Kamui, il est le serviteur du samouraï Nakago. Il est venu te chercher pour t‘emmener dans le shogunat d’Edo. Prépare tes affaires, tu pars sans délai.»
Kawamura-san avait parlé d’un ton si froid qu’Hotohori en fut troublée. Elles avaient vécu 12 ans sous le même toit et Hotohori considérait sa bienfaitrice comme sa seule famille. Ce n’était peut être pas le cas de Kawamura qui ne se contenta en guise d’adieu que d’un « sayonara » et d’une courbette. Une fois de plus, elle avait été vendue…
Hotohori et Kamui prirent donc la route d’Edo. En quittant Kyoto, Hotohori se rendit compte qu’elle pleurait. Pour la seconde fois de sa vie, elle avait ce sentiment de tristesse et de haine mêles.

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Chapitre 6 :

« La route jusqu’au shogunat va être longue, il faudra passer la nuit dans la forêt »
Hotohori n’écoutait même pas ce que disait Kamui. Elle était encore choquée par son départ précipité au crépuscule. Après trois heures à cheval, Kamui s’arrêta.
« Hotohori san, je prépare un camps pour la nuit. L’endroit est sûr, ne vous inquiétez pas. En attendant, je vous laisse libre de faire ce que vous voulez, mais ne vous éloignez pas trop » en disant cela, il avait posé a main sur son katana. Etait-ce une menace ? ignorait-il donc que les geiko ne fuyaient pas leur destin et qu’elles avaient un code d’honneur très stricte ?
Hotohori pris ses effets personnels et s’éloigna. Elle trouva une petite rivière : c’était parfait, il lui fallait se rafraichir après le voyage et elle voulait se préparer pour la nuit. Elle s’agenouilla au bord et caressa du dos de la main la surface. L’eau était claire et fraîche. Hotohori ôta sa ceinture et son kimono. Nue, elle pouvait enlever son maquillage blanc à base de plomb qu’elle avait sur le visage, la nuque, les épaules et le buste. Lorsque ce fut fait, elle entreprit de se coiffer. Elle retira d’abord les quelques fleurs qu’elle avait piqué dans ses cheveux puis enleva une à une les baguettes qui retenaient sa coiffe. Lorsqu’elle enleva la dernière, Ses longs cheveux d’airain se déroulèrent le long de son dos nu jusqu’au bas des reins. Elle se peigna et se rhabilla d’un simple yukata sans ceinture. Elle retourna au campement. Kamui essayait d’allumer un feu. Lorsqu’il vit Hotohori sans ses parures de Geiko, il rougit, baissa les yeux et n’osa plus parler jusqu’au lendemain matin. Cette nuit là, Hotohori ne réussit à dormir que très peu. C’était la première fois qu’elle passait la nuit auprès d’un homme et celui-ci n’avait même pas essayé de la toucher…
« Sans mes parures de Geiko… » pensa- t- elle « …suis-je laide ? »

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Chapitre 7 :

Ils levèrent le camps très tôt et ce n’est que lorsque le soleil fut haut dans le ciel qu’ils arrivèrent au shogunat. Kamui avait donné une cape sombre à Hotohori pour que personne ne voit ses parures et sa beauté quand on traverserait les quartiers pauvres de la ville.
Au moment où ils entrèrent dans Edo, Hotohori cru qu’elle allait défaillir quand elle respira l’odeur nauséabonde des quartiers. Les habitants étaient parqués dans des tous petits okiya, entassés les uns sur les autres. Les enfants jouaient dehors, dans la boue parmi les chiens errants et les charognes. Les hommes et femmes étaient tous pieds nus et vêtus de haillons. Beaucoup d’entre eux toussaient et mendiaient. Les rues étaient peuplées d’ivrognes. Dans une ruelle, un homme se faisait agresser par 3 autres. En passant près d’une maison close, on entendit les cris et les rires des filles de joie.
Au bout du quartier, on distingua enfin l’immense façade blanche du palais et ses grandes portes rouges.
Les portes s’ouvrirent pour avaler Hotohori et Kamui. La cour du palais s’étendait à perte de vue. Kamui aida Hotohori à descendre de sa monture.
« je vais vous conduire à vos appartements » dit-il « le quartier des geisha se trouve juste à coté de celui des Onnagata » (acteurs de Kabuki, opéra japonais)
Ils traversèrent la cour, croisant quelques serviteurs, militaires et courtisanes. Kamui fit entrer Hotohori dans un bâtiment et longèrent un couloir. Au bout de celui-ci, Kamui poussa une porte coulissante en papier.
« Voici votre chambre » dit-il.
Hotohori entra. Dans la pièce il n’y avait qu’un futton et 5 kimonos en soie soigneusement mis sur cintres. « ces kimonos sont un cadeau de bienvenue de la part de notre bien aimé et respecté maître Nakago, portez les avec dignité pour votre danna »
Kamui salua Hotohori puis tourna les talons. « je vous laisse geiko, si vous avez besoin de moi, vous me trouverez dans les quartiers des sous officiers.
Hotohori referma la porte… enfin seule. Elle jeta sa cape sur le futton et regarda par la petite fenêtre. Une nouvelle vie commençait pour elle, de nouveau.

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Chapitre 8 :

Au bout de 2 jours, Hotohori n’avait toujours pas rencontré son danna, le samouraï Nakago. Elle décida de rendre visite à Kamui. Il n’était pas dans les quartiers des sous officiers… Un militaire lui indiqua qu’il se trouvait dans le dojo du palais. Elle le découvrit se battant contre un haut gradé parmi d’autres soldats. Kamui était bien plus rapide et précis que son adversaire. En un court instant, le haut gradé se retrouva au sol, son katana avait traversé la pièce et avait arraché une partie de la cloison de papier.
« hé hé ! ! ! Kamui ! je devrait te faire décapiter pour avoir osé vaincre un haut gradé » s’écria le miliaire d’une voix virile.
Kamui sourit et détourna la tête. Son regard croisa celui de Hotohori comme au premier jour. il s ‘approcha de la Geiko, à peine essoufflé par son combat, une goutte de sueur perlait sur son front.
« Que voulez-vous Hotohori san ? » lui demanda-t-il sur un ton assez agressif
« Je voulais savoir… » dit-elle d’une vois tremblante « …où se trouve le samouraï Nakago »
« venez avec moi » répondit Kamui en prenant Hotohori par la manche de son kimono. Il l’entraîna hors du dojo.
« Il est en Chine » répondit Kamui « il se bat contre les barbares aux coté du shogun Ieyatsu et il reviendra dans 6 mois ».
Hotohori baissa la tête. « je comprends » Le silence s’installa. Hotohori décida d’engager la conversation comme on lui avait appris à Kyoto. « Votre combat contre ce militaire était très impressionnant ! »
Kamui se gratta la tête, l’air un peu gêné « Ha Ha ! c’est ma botte secrète, ça marche à tous les coups ! »
Hotohori eut soudain une idée, pourquoi n’apprendrait elle pas à se battre comme un guerrier. Avec Kamui pour lui enseigner l’art du combat, elle serait capable de se défendre. La Geiko s’approcha du soldat et colla son buste contre le sien. Elle rapprocha son visage de celui de Kamui :
« Oh, Kamui san, apprenez moi à me battre » le jeune homme, un peu pris au dépourvu accepta après plusieurs minutes d’hésitation. Hotohori sourit, elle savait que ça marcherait !

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Chapitre 9 :

Dès le lendemain, ils se rencontrèrent au dojo aux premières lueurs du jour. Kamui réussit à convaincre Hotohori d’abandonner son kimono de Geisha pour un yukata de soldat. Elle dut aussi renoncer à garder sa coiffure de courtisane. Kamui lui tendit un ruban. « nouez vos cheveux avec ça. Quand vous vous battez, c’est pour survivre, pas besoin de coquetteries. Bon, on va commencer avec un exercice simple.»
Pendant 6 mois, Hotohori et Kamui s’entraînèrent tous les jours rien que tous les deux. Ils leurs arrivaient de se battre toute la journée, commençant à l’aube et finissant au coucher du soleil. C’était lors de ces combats que Hotohori prit réellement conscience qu’elle désirait Kamui, elle ne pourrait désormais plus vivre sans qu’il soit à ses côtés.
C’est à ce moment la que les visites nocturnes commencèrent. Ils passaient des nuits entières à parler. Mais Hotohori restait triste car jamais Kamui n’osait la toucher,
« ne m’aime-t-il donc pas ? attend-il que ce soit moi qui l’entraîne dans la passion ? » pensait-elle
Alors, un soir, voulant en avoir le cœur net, Hotohori se résolut à agir. Elle entra d’un pas décidé dans le quartier des officiers et pénétra dans la chambre de Kamui. Celui-ci s’apprêtait justement à la rejoindre.
« Ha ! Hotohori, komban w… »
il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Hotohori s’était jetée dans ses bras. Elle pressait ses lèvres contre les siennes. Ils restèrent ainsi un moment. Quand soudain, Kamui repoussa Hotohori. Le silence s’installa. Jamais ils n’avaient connus ce genre de baisers. Ils rougirent et baissèrent les yeux. Kamui se décida à parler :
« je suis désolé Hotohori.. mais vous êtes promise au samouraï Nakago, je ne peux trahir mon souverain et avoir ce genre de relation avec vous… »
Hotohori se sentit honteuse. Il ne l’aimait donc pas. Son cœur était brisé. Elle senti les battements de son cœur s’accélérer. La tête lui tournait. Elle crut voir une larme glisser sur la joue de son amant avant que tout ne deviennes flou. Hotohori s’évanouit.

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Chapitre 10 :

Lorsqu’elle se réveilla, elle était allongée sur son futton, emmitouflée dans une couverture. Sa chambre était baignée par la lumière du soleil déjà haut. Tout en s’habillant, elle se demandait si l’épisode de cette nuit avait été bien réel ou était-ce le fruit de quelques Oni qui avaient pris possession de ses rêves ?
Elle sortir de ses pensées en entendant de l’agitation dans le couloir. Les Geiko étaient surexcitées, la rumeur courrait que Nakago était aux portes de la ville. Hotohori sortit en courant du quartier des geisha et se précipita dans la grande cour du palais où étaient déjà massés les serviteurs, soldats et courtisanes. Au même moment, on entendit des trompettes retentir. Les grandes portes rouges s’ouvrirent et une véritable armée de soldats en armure, suant et saignant entrèrent. A leur tête, sur un destrier noir et fougueux se tenait Nakago, fier samouraï, qui brandissait son katana en or. Il portait un casque est une armure traditionnelle couverte du sang de ses victimes. Nakago avait vaincu en Chine. Tous les membres du palais étaient en liesse. Les artificiers commençaient déjà à s‘affairer pour le grand banquet de ce soir.
Nakago descendit de cheval. On ordonna aux serviteurs de se retirer et de préparer les mets les plus fins pour le samouraï. Les soldats repartirent également pour panser leurs blessures et se reposer. Certaines courtisanes partirent avec les soldats, d’autres, sans doute blasées par le souverain retournèrent dans leurs appartements. Hotohori était restée la, attendant que on danna ôte son casque. Elle voulait voir le visage de son protecteur mais lorsque ce fut fait, elle remarqua que le samouraï n’était qu’un vieillard, certes encore vigoureux mais il devait faire le double de son âge. Elle prit peur, le danna n’était pas du tout à son goût. Déçue, elle rattrapa le groupe de Geiko qui s’était éloigné pour rejoindre sa chambre.
A même moment, Nakago demanda à son plus proche conseiller :
« cette jeune fille qui porte le kimono rouge, elle est nouvelle ? »
« oui seigneur, elle est arrivée il y a 6 mois, elle se nomme Hotohori » répondit le conseiller en s’inclinant.
« bien bien » Nakago se frotta les mains « je vois au nœud de sa ceinture et à la manière dont elle est coiffée que jamais aucun homme ne l’a déflorée… Cette geiko est très belle, je passerait la nuit avec elle et me chargerait de l’éduquer, comme il est le devoir de tout danna qui se respecte »

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Chapitre 11 :

Le soir même, Hotohori resta distante de la fête. Elle ne mangea pas avec les autres geisha. Elle dansa un peu et joua du shamisen pour son souverain mais le cœur n’y était pas. Nakago, quant à lui dévorait des yeux sa nouvelle Geiko. Il avait hâte que la fête se termine pour enfin passer a nuit avec cette courtisane au corps si gracieux. La fin de la fête fut marquée par un feu d’artifice.
Ce fut à ce moment là que l’on emmena Hotohori dans la chambre du samouraï avec 5 autres courtisanes. Elle fut entièrement lavée. On remplaça son maquillage de geisha par un maquillage nuptial. On peigna ses longs cheveux d’airain. on ne lui fit pas de coiffure élaborée, ses cheveux n’étaient même pas attachés. Enfin, les courtisanes lui parfumèrent le corps avec des huiles. Ensuite, elle revêtit un yukata de soie blanche léger, au travers duquel on pouvait distinguer les formes de la jeune fille encore vierge. Les 5 courtisanes se retirèrent. Hotohori resta seule.
Elle s’approcha de la fenêtre. L’air était tiède en cette fin d’été. Elle regarda la lune. L’astre était rouge sang. C’était un présage. Beaucoup de sang allait être versé cette nuit. Le bruit de la porte coulissante la fit sursauter. Nakago était entré dans la pièce.
Hotohori se mit à trembler de tout son corps. Elle ne voulait pas se donner à ce vieillard. Au diable l’honneur et le code des geisha ! Elle refusait que Nakago soit le premier à entrer en elle. Le samouraï sans rien dire s’approcha d’elle. Hotohori reculait à petit pas, elle était terrorisée. Elle se retrouva acculée à la cloison de papier derrière elle, pétrifiée par la peur. Le vieillard mit ses main sur les épaules de la pauvre jeune fille et arracha son yukata. Hotohori détourna la tête. Une larme coulait sur sa joue. Nakago posa ses main sur la poitrine de sa geisha et commença à l’embrasser dans le cou. Hotohori hurla.
Au même moment, on entendit un bruit de papier qui se déchirait à l’autre bout de la pièce. Le samouraï lâcha Hotohori et se retourna. Le geisha en profita pour revêtir un yukata sombre en soie grossière. Un katana avait tranché un paravent en deux. Celui-ci s’écroula. derrière se trouvait Kamui.

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Chapitre 12 :

Les yeux du jeune homme étaient remplis de haine et ne cessaient de fixer Nakago. On sentait son souffle chaud s’accélérer, comme celui d’une bête prête à bondir. Il jeta un katana qui tomba aux pieds du samouraï.
« je ne vous laisserai pas faire ! » rugit le jeune homme. Sa voix était si rauque que Hotohori ne reconnut même pas le doux jeune homme avec lequel elle riait tous les jours. Avec l’agilité d’un félin, Kamui bondit devant le samouraï. Il s’ensuit un combat mémorable. Les deux katana s’entrechoquaient. faisant un bruit si infernal que l’on fut étonné que la garde ne soit pas alertée. Parfois, le choc entre les deux armes était si fort que des étincelles en jaillissaient. Kamui était encore plus rapide et précis que d’habitude et Nakago avait bien du mal à parer ses attaques. Le jeune homme se battait comme un démon. On eut dit que sa force était décuplée. Le combat ne dura que quelques secondes mais il sembla une éternité pour Hotohori.
Kamui fut touché au bras. Il poussa un cri. Etait-ce de douleur ou de rage ? on ne le saura jamais… mais ce cri... Il n’était pas humain. Le sang tacha son yukata gris. Nakago sourit :
« veux tu donc mourir jeune fou ? »
il eut à peine fini sa phrase que Kamui se jeta sur lui de nouveau. Les coups redoublèrent de force et d’intensité. Enfin, le katana de Nakago vola à travers la pièce. La botte secrète de Kamui avait encore fait mouche. Le samouraï se retrouva à terre. Il implora Kamui de l’épargner. Kamui, à peine essoufflé par ce combat ne suait même pas. Il eut un sourire machiavélique et susurra à Nakago :
« As tu bien regardé le corps nu d’Hotohori, Nakago ? car c’est le dernier que tu verra !» il prit un deuxième katana pendu au mur et enfonça les armes dans les orbites du souverain. Le samouraï hurla de douleur. Hotohori, choquée, n’avait jamais vu autant de violence. Mais, pas le temps de d’ouvrir la bouche pour hurler, Kamui l’avait saisie par la manche de son kimono. Ils s’enfuirent à cheval loin du palais.

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Chapitre 13

En à peine une heure, ils retournèrent dans la forêt où ils avaient passé leur première nuit ensemble. Les chevaux étaient épuisés et Kamui saignait beaucoup. Ils s’agenouillèrent au bord de la rivière. Hotohori pansa les blessures de son amant. Elle le supplia ensuite de se reposer. Le jeune homme refusa :
« Non, je ne veux pas me reposer ! je veux rester cette nuit à tes cotés ! n’as tu donc pas compris que j’ai renié mon maître pour toi ? Rien que le fait de te savoir avec lui… » Kamui serra le poing.
« j’ai fait ça parce que… parce que… » il rougit. Son souffle s’accéléra, puis il murmura
« aishiteru »
Hotohori était attendrie. Il l’aimait vraiment finalement. Elle caressa la joue du guerrier. Ils se regardèrent un long moment. Puis Hotohori embrassa Kamui longuement. Elle retira son yukata et murmura à l’oreille de Kamui :
« je veux que tu sois le premier »
Puis elle s’allongea à coté de lui dans l’herbe. Kamui l’enlaça. ils se caressèrent et s‘embrassèrent un long moment. Leurs souffles s’accéléraient et se mêlaient. Enfin, Hotohori écarta les cuisses et il entra en elle. Elle poussa un cri suivit d’un long soupir. C’est donc cela que l’on éprouve lorsque l’on ne fait qu’un avec son amant ? ils se laissèrent porter par leur passion jusqu’à l’aube.
Au matin, on repris la fuite. Nakago, si il avait survécu à ses blessures aura sûrement envoyé des assassins à leur poursuite. Kamui et Hotohori repartirent à cheval. Ils n’allèrent pas bien loin. 5 assassins de Nakago les attendaient à la lisière de la forêt.

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Chapitre 14 :

Tout le monde descendit de cheval. Il s’en suivit un combat encore plus impressionnant que celui de la veille. Kamui attaqua le premier. Il désarma le premier assassin en lui coupant net le bras droit. Il enchaîna avec le deuxième qu’il éventra. On vit les entrailles sortir du ventre du meurtrier en faisant un bruit atroce qui donna la nausée à la geiko. Au même moment, Kamui égorgeait à moitié le troisième assassin. Celui-ci essaya de pousser un cris, mais seul du sang sortit de sa bouche. Il commença à suffoquer, se noyant dans son propre sang qui coulait à flot dans sa gorge et ses poumons. Les trois meurtriers s’affalèrent sur le sol et agonisèrent sur l’herbe devenue rouge.
Il en restait 2. Le quatrième assassin courut vers Kamui en hurlant. Le jeune homme l’esquiva et lui fit un croche-pied. L’assassin s’étala à côté de Hotohori, restée derrière son amant. Le corps du meurtrier fut transpercé par son propre katana. L’agonie fut rapide pour lui. Le dernier assassin était de loin le plus coriace. C’est à ce moment là que Kamui commença à faiblir. Il était blême, sa plaie c’était rouverte durant le combat et il se vidait de son sang. L’assassin n’eut pas de mal à faire tomber le jeune homme, désarmé. Le meurtrier s’apprêta à lui donner le coups de grâce lorsque Hotohori, rassemblant son courage et vainquant sa peur, pris le katana de son amant et le planta dans le cœur de l’assassin. le meurtrier regarda Hotohori avec incompréhension avant de s’effondrer à côté de Kamui. Hotohori n’en revenait pas… elle avait tué quelqu’un. Jamais elle n’oublierait le regard de cet homme.
Kamui cria de douleur. Hotohori s’agenouilla à coté de lui. Il avait perdu trop de sang.
« je vais mourir Hotohori »
« mais non, tu ne mourra pas, tu verra, je te soignerait et tu guérira, mais tiens le coup, fait le pour moi !»
« non, c’est trop tard… fais moi plaisir, pars pour l’occident, va à Nagoya et prends le bateau qui pars pour Trigorn »
« je ne partirais pas sans toi ! »
« existe-t-il plus belle mort que de mourir dans les bras de sa bien aimée… en s’étant battu pour elle… jusqu’à la fin… anata no kokoro no naka ni zutto saiteitai kara … aishiteru… »
Kamui ferma les yeux pour ne plus jamais les rouvrir. Hotohori hurla le nom de son bien aimé. Il s’ensuit des sanglots, des plaintes et des lamentations. Jamais elle n’avait éprouvé une telle douleur.
Elle enterra Kamui à l’entrée de la forêt, non loin du massacre. Pendant un moment elle pensa se faire sepuku (se suicider). Mais elle n’en eut pas le courage. Elle décida de respecter la dernière volonté de son amant. Elle emporta le Katana de Kamui, qui lui avait plusieurs fois sauvé la vie et partit à pied en direction de Nagoya. De là, elle prit le bateau pour Trigorn où, là encore, elle commencerait une nouvelle vie.

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TOME 2

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Préambule

« Dites donc matelots, le navire n’avance pas tout seul ! » Le capitaine avait surpris trois matelots cachés derrière une cabine en bois. Ils regardaient en direction du pont. La grosse voix du capitaine les fit sursauter et ils retournèrent à leur poste en murmurant des excuses d’une voix honteuse. Le capitaine passa ses doigts dans sa barbe.
« Qu’est-ce qui peut bien distraire à ce point les matelots ? » Le capitaine s’appuya à son tour contre la cabine et regarda ce qu’il se passait sur le pont.
Dans les dernières lueurs du jour, Une jeune fille vêtue d’un kimono blanc exécutait gracieusement une danse mystérieuse. Ses longs cheveux d’airain n’étaient pas noués et sa longue chevelure flottait au gré du vent tiède qui parcourait sa nuque. Le capitaine s'approcha. La jeune fille ne dansait pas, Elle se battait contre le vent avec un katana. Elle semblait avoir la force du guerrier mais conservait la grâce naturelle des jeunes filles. Elle fendait l’air avec son arme et le vent emportait au loin les petits cris qu’elle poussait lorsqu’elle faisait mine de planter son arme dans le corps de ses ennemis brumeux.
Malgré lui, le capitaine s’était encore approché de ce qu’il croyait être un mirage alors que le soleil, dans un dernier rayonnement disparut dans la mer pour laisser place à la nuit et son manteau étoilé. La jeune fille se retourna d’un coup et son katana vint frôler la gorge du capitaine.
« Hé la, doucement petite ! tu veux m’embrocher ! » dit le capitaine en sursautant.
Sans dire un mot, la jeune fille rangea son arme, elle se noua les cheveux avec un ruban rouge et s’inclina devant le capitaine en guise d’excuses.
Le capitaine se souvenait de cette jeune fille lorsqu’elle était montée à bord au port de Nagoya. Elle avait les mains pleines de sang et de la terre sous les ongles. Elle ne parlait jamais et lorsque le soleil se levait et se couchait, elle se mettait à pleurer. Cette jeune fille avait perdu sa joie de vivre et dans ses yeux régnait une tristesse insondable. C’était sans doute la demoiselle la plus étrange que le capitaine ait jamais rencontré.
Sans oser dire un mot, le capitaine quitta le pont en ôtant son chapeau en guise d’au revoir.
La jeune fille s’approcha du bord du bateau. Regardant la lune, elle se mit à pleurer. Une larme coula sur sa joue et vint s’écraser contre une vague que vint briser la coque du bateau.
« Kamui… » murmura la jeune fille. Elle fondit en larme et regagna sa cabine en courant.

Le journal d'Hotohori : tome 1 et 2 Sayuri9vp

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Chapitre 1 :

L’aube à travers le hublot de la cabine éclairaient le visage d’Hotohori. Elle ouvrit les yeux péniblement, réveillée par les rayons bienfaisants. Elle se leva et regarda dehors. Des mouettes volaient autour du bateau en poussant des cris stridents. Hotohori s’habilla et sortit sur le pont en courant. Des oiseaux… on en voyait plus depuis que le bateau avait pris le large. Cela voulait dire… qu’on approchait de la terre ! Enfin ! Cela faisait des semaines, peut être plusieurs mois qu’elle était prisonnière de ce bateau en bois et elle serait libérée lorsqu’on arriverait au port. Elle sourit en regardant le ciel sans nuages, encore rosit par les lueurs de l’aube. Elle pris une grande bouffée d’air frais, elle se sentait libre. L’occident était en vue. Une nouvelle vie commencerait pour elle.
Mais son sourire disparut bien vite lorsqu‘elle repensa à son pays natal qu’elle avait quitté et son amour qu’elle avait perdu. Elle prit peur… jusque là, sa vie ne lui avait apporté que bien peu de bonheur et au fond d’elle même, elle savait qu’ici, à Vesperae, elle ne serait certainement pas beaucoup plus chanceuse. Elle s’appuya contre le bord comme elle le fait souvent pour pleurer son amant perdu mais fut aussitôt interpellée par le capitaine qui accueillait à bras ouvert l’air marin, désignant de ses mains usées par le travail les toits que l’on distinguait recouvrant la terre encore lointaine.
« Nous y voilà mademoiselle ! Trigorn ! l’une des villes les plus luxueuses que la terre ait jamais portée ! » La jeune fille, tout d’abord surprise par la grosse voix qui résonnait derrière elle, fut rassurée par le visage jovial du vieux capitaine. Pour la première fois depuis son départ, elle sourit.
« Ah ! quel plaisir de vous voir enfin votre charmant sourire mademoiselle !» Le capitaine se mit à rire et sa barbe pris une drôle se forme. La geisha rit dans la manche de son kimono.
Le bateau arriva enfin au port. Au moment de descendre, Hotohori fut impressionné par toute l’agitation qui régnait sur les quais. Les voyageurs pressés, les passants qui regardaient la mer d’un air émerveillé, les marins agités qui chargeaient et déchargeaient les marchandises aussi vite qu’ils le pouvaient, tout cela faisait un brouhaha qui ne réussissait même pas à couvrir les cris perçants des mouettes qui volaient pus haut. Hotohori posa le pied sur les quai. Enfin, elle ne subissait plus le tangage du bateau. Elle fut soudain prise d’un sentiment de panique. Ce nouveau continent, c’était l’inconnu pour une jeune fille venue d’Asie. Elle se retourna et regarda le bateau. Pendant un instant, elle hésita à repartir mais le souvenir de Kamui et surtout de Nakago la dissuada bien vite de cette idée. Elle baissa les yeux.
Elle sursauta en sentant la grosse main du capitaine sur son épaule. Il avait observé son air égaré et était attendri par les gestes un peu perdu de la geiko. il dit d’une voix rassurante.
« Vous verrez, la vie ici n’est pas plus difficile qu’au Japon. Allez à Sarosa, c’est une ville où beaucoup de gens se rencontrent. Vous trouverez sûrement de nouveaux amis là-bas. »
Puis le capitaine sortit de la poche de sa redingote bleue une carte.
« Voici un plan qui vous permettra de découvrir ce monde sans vous perdre »
Hotohori serra la carte contre son cœur et s’inclina devant le capitaine en guise de remerciement. Ils se dirent adieu et Hotohori traversa les quais en direction de Trigorn.

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Chapitre 2 :

Lorsque Hotohori entra dans Trigorn, elle ne put s’empêcher de pousser un cri d’émerveillement en observant la ville qui s’étendait devant elle. jamais elle n’avait vu autant de monde. La ville lui paraissait être un continent, les rues bordées d’allées fleuries s’étendaient à perte de vue. Au loin, on entendait sonner les cloches de l’église. Sur les pavés miroitaient les rayons du soleil. Chaque maison respirait la richesse. En regardant par les fenêtres, on distinguait les meubles en bois précieux et les objets d’art qui ornaient les murs. Les habitants avaient tous le sourire aux lèvres. Il devait être agréable de vivre ici. Hotohori atteint les portes de la ville.
Armée de son katana, et avec son seul courage pour allié, elle décida d’explorer la forêt.
Malgré les fleurs éparses et les papillons qui volaient ça et là dans le peu de lumière qui arrivait à percer les épais feuillages, la forêt demeurait inquiétante. En s’enfonçant dans la forêt, Hotohori regarda en l’air. Les arbres immenses et sombres l’effrayaient.
Un frisson parcourra son dos. Elle n’était pas seule. Elle se retourna et hurla de terreur. Un loup se tenait devant elle. Il la fixait de ses yeux jaunes et grognait. Terrifiée mais néanmoins déterminée à se battre, elle allait s’emparer de son arme lorsque le loup bondit sur elle. Elle l’esquiva. mais eu a peine le temps de se retourner que la bête féroce s’était de nouveau élancé vers elle. Hotohori tomba à terre. Le loup qui pesait de tout son poids sur elle lui mordit profondément le bras droit. Son sang pourpre vint souiller son kimono blanc et sa peau d’une blancheur de lait. La geisha hurla de douleur. De son bras gauche, elle réussi à s’emparer de son katana et l’enfonça en travers de la gorge du loup. L’animal poussa un gémissement strident étouffé par le sang qui remplissait déjà ses poumons. Un flot de sang sortit de sa gueule. L’animal tituba et s’effondra a coté de Hotohori. La geisha se releva et poussa un soupir de soulagement. elle fixa son katana. Cela faisait longtemps que la lame n’avait été souillée par le sang d’une de ses victimes. Les yeux encore a demi excités par le combat et le cœur battant la chamade, elle nettoya consciencieusement l’arme aiguisée et la rangea avec difficulté car son bras droit lui faisait très mal. Il lui fallait trouver de quoi se soigner.
C’est alors que devant elle, un jeune homme à l allure excentrique sortit de derrière un arbre. Il avait le teint très pâle, Les cheveux châtain, de grands yeux teintés de mauve et pleins de malice qu’il dissimulait à peine sous son chapeau haut-de-forme.
« Vous m’avez l’air en difficulté, Demoiselle, puis-je vous aider ? »
La geiko était impressionnée par les yeux de ce beau jeune homme surgit de nulle part Terrifiée, elle fut incapable de prononcer un mot et soutenait son regard malgré elle sur cet étranger. Le jeune homme s’approcha de la geiko et se pencha vers elle.
L’étranger s’approcha et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Quelle ne fut pas la surprise de la Geiko lorsqu’elle découvrit les gants mauves du curieux personnage
Les l’apparence de ce drôle de garçon attisait la curiosité d’Hotohori qui d’une voix incertaine questionna celui qui se trouvait devant elle.
« qui êtes vous ?.» balbutia-t-elle
« Oh ! quel malpoli je fais, je ne me suis même pas présenté ! » Il s’inclina légèrement devant la geisha.
« alors voici ! on me nomme le chapelier fou.»
regardant à nouveau la blessure d’Hotohori, il reprit :
« Ma chère, si nous ne faisons rien dans les plus brefs délais, je crains que vous n’y laissiez votre vie mouahahaha ». C’est ainsi que le chapelier fou conduisit Hotohori à Sarosa sans plus attendre.

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Chapitre 3 :

Sarosa était beaucoup plus petite que Trigorn mais on y trouvait tout autant de monde si ça n’était plus. Des anges, des démons, des humains, des elfes des nains tellement de nations et d’âmes ! Malgré tout ce monde, une impression de sécurité envahissait le cœur de Hotohori. Elle se sentait comme chez elle même si c’était la première fois qu’elle venait. Hotohori fut amenée par son ami dans une grande pièce où une femme pansa sa blessure. Le chapelier fou décida de prendre congé. Il fit une brève révérence.
« Je vous souhaite un prompt rétablissement Dame Hotohori. »
Hotohori s’inclina devant le chapelier et lorsqu’elle releva la tête, voulant lui adresser ses remerciements, l’étrange personnage avait déjà disparu.
Hotohori soupira. Elle était de nouveau seule.
La Geisha resta quelques jours convalescente. Lorsqu’elle put de nouveau prendre son katana, elle se dirigea vers la salle d’entraînement qui se trouvait juste à coté. La salle était très grande et il ne cessait jamais d’y avoir des guerriers. Hotohori répéta plusieurs mouvements. Sa blessure lui faisait encore mal mais la jeune fille était aussi rapide et forte qu’avant. Elle continua à parfaire ses mouvements jusqu’à ce que la douleur de son bras disparaisses.
Un jour, elle s’entraînait comme à son habitude quand soudain les bruits de lutte qui résonnaient dans la pièce cessèrent d’un coup. Plusieurs guerriers s’écartèrent. de l’entrée, Un curieux être était apparut. Il avait une aile de démon et une aile d’ange. Ses longs cheveux blond déferlaient jusqu’au bas de son dos. il fixait les guerriers uns par uns. Chaque guerrier qui croisait son regard baissait les yeux automatiquement. Lorsque son regard croisa celui de Hotohori, la Geisha s’aperçut qu’il avait un œil rouge et un œil bleu. Hotohori ne baissa pas les yeux comme les autres guerriers. Que voulait-il ce mystérieux jeune homme, il semblait très fort et n’avait manifestement pas besoin de s’entraîner. Lorsque le demi ange se rendit compte que la Geisha ne détournerait pas son regard de lui, il s’approcha.
« malgré votre blessure, vous semblez demeurer une guerrière redoutable. »
Il prit la main de la Geisha et la baisa. Les joues de la geiko furent teintées de rose pendant un instant.
« Je me nomme Yurak, chef des Via Infinito. Et vous vous nommez ? »
« Hotohori » répondit timidement la geiko.
« Enchantée chère Hotohori, Il est rare que des inconnus ne détournent pas le regard de ma personne. Vous me plaisez. J’aimerais que vous fassiez partie de mon clan. »
Malgré sa fierté et son courage, Hotohori était impressionnée par l’aura de puissance que dégageait le demi ange. Elle hésita, essayant de lire ce qu’il se cachait dans les yeux de son interlocuteur mais elle ne put découvrir ses failles. Yurak semblait être un personnage intéressant. Elle accepta. Le jeune homme passa un bras autour des épaules de la Geisha et l’entraîna hors de la salle.
« Il est temps pour toi de découvrir mon clan. » dit-il

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Chapitre 4 :

Hotohori s’adapta très vite chez les Via Infinito. Elle obéissait à Yurak avec dévouement et respect. Un jour, elle fut envoyée en mission dans les ruines de Coac. Elle avançait lentement dans le labyrinthe aux murs crasseux et sombres en se tenant sur ses gardes. La pointe de son katana la guidait, perçant un passage dans l’obscurité épaisse. Une goutte de sueur perlait sur son front pâle. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Hotohori luttait contre la peur qui la rongeait lorsqu’elle fut surprise par une voix derrière elle.
"Bonjour Hotohori" La phrase avait résonné dans l’immensité de la pièce et se répercutait sur les murs. Et même si une sorte de chaleur résidait dans cette voix, elle avait glacé la sang de la geiko. On s’était approché d’elle et elle n’avait même pas senti de présence dans son dos. Elle se retourna et croisa le regard du jeune homme qui avait prononcé ces mots. Hotohori laissa tomber son katana. Son visage était décomposé de stupeur. Le jeune homme avait le même regard que Kamui. Les yeux errants dans les siens, la geiko était poussée par une force irrésistible vers cet homme. Elle s’approcha de lui. Son cœur ne battait plus de peur mais de désir. Ne pouvant détacher son regard de l’homme qu’a présent elle aimait, elle resta muette, tant le choc avait été violent. Le jeune homme, ignorant le bouleversement qu’il avait provoqué dans le cœur de la jeune fille, prit la parole.
"Je suis le second des Via Infinito. On me nomme I Mc. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous rencontrer mais... j’ai déjà beaucoup entendu parler de toi."
Hotohori rougit. La voix de I Mc, teintée d’arrogance et de fierté la rassurait dans ces ruines sombres. Le jeune homme lui proposa de l’aider dans sa mission
« Les ruines de Coac sont immenses, séparons nous, le travail sera plus rapidement terminé »
Hotohori acquiesça et ce fut avec douleur qu’elle regarda disparaître I Mc dans l’ombre du labyrinthe.

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Chapitre 5 :

Continuant sa progression dans l’obscurité la plus totale, Hotohori restait plongée dans ses pensées. Les yeux de I Mc avaient fait resurgir en elle un sentiment qu’elle croyait à tout jamais enfoui au plus profond de son âme.
Soudain, une grosse main gantée se posa sur la bouche de Hotohori, étouffant un hurlement de peur. Un homme très grand, d’une force incommensurable avait saisit la geiko , arrachant le katana de la main frêle de la jeune fille et l’emprisonnant son corps élancé dans des bras d’acier. Hotohori, serrée par l’étreinte puissante et surprise par la rapidité avec laquelle on l’avait rendue inoffensive, s’évanouit.
Lorsqu’elle se réveilla, elle était encore dans la pénombre des ruines de Coac. Elle essaya de bouger mais ses poignets et ses chevilles étaient emprisonnés par des chaînes. Elle était dans un cachot. Elle regarda autour d’elle. Dans l’obscurité, elle arrivait quand même à distinguer les gouttes d’eau vaseuse qui venaient s’écraser contre les dalles de pierre à moitié rongées et usées par le temps. Une odeur de pourriture s’échappait des murs noirs de crasse.
La geiko pouvait à peine bouger les membres. Les chaînes froides lacéraient sa peau blanche. Elle essaya tant bien que mal de se libérer mais en vain. C’est alors qu’elle entendit un rire dans l’ombre, le rire d’un vieillard dont la gorge était rongée par l’alcool et les drogues prises au cour de toute une vie. On alluma une torche et Hotohori put enfin voir d’ou provenait ce rire. L’homme approcha la torche de son visage et la jeune fille poussa un cri de terreur. Le vieillard avait les yeux crevés. Il se mit à tousser, trop épuisé d’avoir rit aux éclats. Puis le vieillard tendit la torche à une ombre derrière lui. La faible lueur de la flamme vacillante éclairait le visage rond d’un jeune homme à la carrure impressionnante. C’était sans doute lui qui avait capturé Hotohori tout à l’heure. Il s’approcha de sa prisonnière.
« Mon père ne m’avait pas menti, ta beauté surpasse celle de toute les geisha de Kyoto et d’Edo »
Le sang de Hotohori se glaça dans ses veines. Ces deux curieux hommes venaient du Japon. Elle murmura d’une voix timide.
« Qui… êtes-vous ? »
« Je me nomme Kenichi, je suis le fils de Nakago »
Lorsqu’elle entendit le nom de son danna, Hotohori se sentit prise de vertiges. Malgré la distance, il l’avait retrouvé et envoyé son fils pour la tuer. Son souffle s’accéléra de peur. La jeune fille terrorisée tremblait de tout son corps. Essayant de dissimuler sa peur à son interlocuteur, elle lui demanda en riant
« Ainsi donc, tu es un fils de samouraï. Dis-moi, tu es son fils légitime ou l’un de ses nombreux bâtards ? »
Hotohori eut juste le temps d’apercevoir un éclair de colère dans les yeux de Kenichi. Le jeune garçon la gifla violemment . La geiko poussa un cri aigu de surprise et de douleur. La joue encore rosie par le choc, elle dévisagea Kenichi avec des yeux noirs de haine. Contre toute attente, elle se remit à rire et lui dit sur un ton moqueur :
« C’est bien ce que je pensais : un bâtard, et qui ne sait pas garder son calme, Maîtrise ta fougue Kenichi, ou elle te perdra »
C’est alors que le vieillard cherchant le bras de Kenichi, lui reprenant la torche s’approcha de la jeune fille
« Tu as raison Hotohori, la fougue des jeunes gens les perdra. Kamui en est mort. Toucher sa tombe m’a réchauffé le cœur. Mais… sa mort ne m’a pas rendu la vue qu’il m’a ôté ce fameux soir. Tu t’en souviens Hotohori ? »
Les tremblements et les battements de cœur de la jeune fille redoublèrent d’intensité. Elle ne put dissimuler sa terreur plus longtemps.
« Nakago ! »
Le vieillard se remit à rire. Laissant paraître les dernières dents jaunâtres qui lui restaient.
« hé oui, je sais ce que tu penses, que je ne suis plus qu‘un vieillard rendu à moitié fou par la perte de mes yeux et la haine que je te voue »
Puis, posant ses mains incertaines sur elle, il approcha son visage repoussant du sien et lui murmura « Tu ne peux imaginer la satisfaction que tu me procures en ce moment : tu respires la terreur et le dégoût que tu éprouve pour moi ne fait que m’exciter encore plus. »
Hotohori eut la nausée. La peur lui brûlait le ventre. Le vieillard se recula. Se retournant vers son fils, il lui dit
« Kenichi, mon cher fils, venge moi… crève lui les yeux »
Kenichi eut un sourire sadique « Bien sûr père, mais c’est bien dommage, cette geisha est vraiment très jolie ».

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Chapitre 6 :

Sortant son katana, Kenichi s’approcha de Hotohori. La jeune fille, prise d’une peur panique hurlait et suppliait qu’on ne lui ôta pas la vue. Hotohori ferma les yeux… Elle sentit la froideur de la lame de Kenichi lui caresser la joue et… elle se résigna à perdre ses grands yeux noirs.
C’est alors que Kenichi poussa un cri de surprise. Hotohori rouvrit les yeux et regarda le visage rond de son bourreau. Il avait les yeux écarquillés. Il se retourna lentement et Hotohori vit l’épée plantée dans le dos du jeune homme. Hotohori regarda avec dégoût le sang couler et rougir les vêtements de Kenichi. Une voix, résonnant dans l’obscurité se fit entendre
« j’espère que tu voudras bien excuser mon retard Hotohori » Cette voix, c’était celle d’I Mc.
Kenichi tomba lourdement sur le sol, sans vie. Percevant le bruit de la chute, Nakago se jeta au sol, cherchant le corps de son fils avec ses mains usées en gémissant de douleur.
I Mc s’approcha et libéra Hotohori des chaînes qui la retenaient puis il regarda le cadavre de Kenichi.
« Je n’aime pas attaquer les gens dans le dos mais là… la situation s’avérait urgente et tu ne m’as pas laissé le choix » il s’accroupit à côté de Kenichi et lui referma la bouche, restée entrouverte de surprise au moment ou toute vie s’était enfuie de son corps.
« Tu ne m’en veux pas j’espère Kenichi » dit-il sur un ton moqueur en souriant au cadavre encore chaud. Puis, se relevant, il regarda le vieillard qui cherchait au sol son fils.
« N’essaie plus de t’attaquer à Hotohori, Nakago ou tu subira le même sort que ton fils » la fierté dans sa voix redoubla « hé bien, tu a été un grand samouraï mais aujourd’hui, tu rampes comme un ver ! »
Hotohori saisit son katana. En entendant le bruit de la lame sortir de son fourreau, Nakago comprit, il essaya de se relever pour s’enfuir mais ses jambes, trop faibles, ne le portaient plus. Hotohori, les yeux pleins de haine, s’approcha du vieillard. I Mc lui barra le passage avec son bras. « Hotohori, ne fait pas cela, il n’est plus qu’un vieillard faible et à moitié fou. Il ne mérite pas de périr par le bras d’une jeune fille aussi pure que toi. Et tu ne mérites pas de souiller ton honneur par le meurtre de quelqu’un d’aussi faible. »
Hotohori, même si elle admettait que les paroles d’I Mc étaient sages, répliqua en écartant son bras de son passage :
« et si je le laisse partir , il trouvera le moyen de revenir avec un autre de ses bâtards pour me faire du mal. » Elle approcha son visage de celui d’I Mc « tes paroles ne réussiront à atténuer ma haine et ma détermination. Et elles ne dissuaderont pas mon bras d’accomplir cet acte. »
S’approchant de l’homme rampant dans la crasse et la pourriture du sol , elle leva son katana et le planta dans le dos de Nakago. Le vieil homme poussa un soupir. Ce fut son denier souffle. Il n’avait même pas crié. Hotohori se sentie libérée d’un fardeau qu‘elle portait depuis bien longtemps. Elle essuya son katana et la rangea. La mort de Nakago sonna le glas de son passé douloureux.

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Chapitre 7 :

Apprenant ce qu’il s’était passé à Coac, le cœur de Yurak se mit à battre la chamade. Il se rendit compte à quel point il aimait Hotohori. Il se mit à faire les cent pas dans le grand salon de l’immense manoir des Via Infinito. En créant son clan, il savait qu’il prendrait pour femme l’une des jeunes filles qui entreraient chez les Via Infinito. Et Hotohori, qui avait si rapidement progressé dans l’art du combat, qui réussissait avec brio les missions qu’il lui confiait et qui la soutenait dans toutes ses décisions serait celle qu’il prendrait pour épouse. C’était décidé. Il sortit à grand pas du salon et quitta le manoir d’air confiant.
Ce soir là ,Hotohori était montée sur les remparts du château pour regarder le coucher de soleil. L’astre rougit disparut au derrière les plaines de Naep que l’on voyait au loin., laissant le ciel teinté de couleur chaudes et le vent tiède pour seul compagnon à la geiko en cette soirée d’été. Hotohori se rendit compte à ce moment la qu’elle ne pleurerait plus Kamui comme elle l’avait fait chaque soir depuis sa mort. Sa nouvelle vie chez les Via Infinito aux côtés de Yurak et I Mc lui plaisait. Elle était plongée dans ses pensées lorsqu’elle sentit l’aura de puissance et le parfum des cheveux de Yurak portés par la brise. Elle se retourna. Yurak la regardait avec un air attendri. Il s’approcha d’elle et de sa main démoniaque aux longs ongles noirs, il lui caressa la joue. La geiko ferma les yeux. Elle savait au fond d’elle même ce qu’il allait faire. Yurak approcha son visage de celui de Hotohori. Il lui donna un baiser. Il s’embrassèrent longtemps. Puis lorsque les couleurs chaudes du crépuscule s’assombrirent pour laisser paraître l’éclat des étoiles, il s’agenouilla devant elle en lui prenant les mains. Le cœur battant et les joues rougies, il lui dit d’une voix timide :
« Hotohori, je n’ai jamais connu de jeune fille dont les yeux si doux feraient perdre l’envie de se battre au dieu des enfers lui même. Je n’ai jamais connu de jeune fille dont les mains pâles pouvaient guérir d’une seule caresse mes blessures passées, je n’ai jamais connu de jeune fille dont le seul sourire suffisait à éveiller en moi le désir d’aimer. Je n’ai jamais connu de jeune fille capable de faire tout cela… avant de te connaître. »
Puis, la regardant dans les yeux, il lui demanda
« Hotohori… ce que j’essaie de te dire… c’est que… j’aimerais que tu deviennes ma femme. »
Hotohori resta muette pendant quelques secondes. Il est vrai que Yurak ne la laissait pas indifférente. Mais elle ne savait pas si elle éprouvait pour lui une amitié sincère ou de l’amour. Elle ne savait plus quoi penser. Les mots de Yurak résonnaient dans sa tête. En secret, elle avait rêvé de cet instant. S’agenouillant a son tour devant lui, elle le fixa avec ses yeux attendris, elle lui rendit son baiser et elle lui dit d’une voix tremblante d’émotion
« Oui ».
Ils se marièrent sans attendre, sans même mettre au courant les autres membres du clan. Puis ils retournèrent dans l’immense manoir des Via Infinito. Yurak et Hotohori entrèrent dans la chambre du demi ange. Les murs blancs étaient ornés d’armes et de boucliers. Les grands rideaux de velours rouge n’étaient pas tirés et on apercevait la ville de Trigorn et toutes ces lumières qui s’étendaient à perte de vue, comme si la ville était le miroir de la nuit. Au milieu de la pièce, le grand lit a baldaquin était recouvert de draps de soie blanc. Yurak invita Hotohori à s’asseoir sur le lit à coté de lui. Ils discutèrent un moment de l’avenir de la guilde . Puis Hotohori se décida à entraîner yurak dans la passion. Elle se leva et ôta son kimono puis, lorsqu’elle fut nue, elle enlaça yurak et l’embrassa langoureusement. Elle enleva la ceinture du demi ange, celui-ci l’arrêta brusquement.
« non, arrête, je ne peux pas faire ça avec toi. »
Hotohori resta bouche bée. Elle fronça les sourcils. Elle se releva et se couvrit d‘un des draps de soie, sans jamais quitter son mari des yeux. Lui, ne savait quoi dire. Elle lui demanda sur un ton agressif « Tu ne veux pas faire ça ? j’aimerais bien savoir pourquoi ! » Yurak se releva et posa ses mains sur les épaules de Hotohori. En la regardant dans les yeux, il lui répondit
« je t’aime vraiment beaucoup mais… je te respecte tellement que jamais je n’oserais te toucher »
A ces mots, Hotohori soupira de lassitude et d’incompréhension. Après s’être rhabillée, elle sortit sans même adresser un mot à son mari.

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Chapitre 8 :

Deux mois plus tard, Yurak envoya Hotohori seule en mission sur l’île des sages. Elle fut tout d’abord étonnée car depuis leur mariage, ils exécutaient les missions les plus importantes de la guilde toujours ensemble. Mais obéissant à son mari comme elle l’avait toujours fait, elle partit sur le champs.
Le soleil brûlant réchauffait le sable fin des dunes. Hotohori s’abrita du soleil sous un palmier pour se reposer. Elle avait noué ses cheveux et des gouttes de sueur s’écoulaient le long de sa nuque pâle. Elle agitait son éventail et haletait. Une épée vint soudain se planter dans le palmier juste a côté d’elle. Hotohori poussa un cri de surprise. Elle croyait qu’on cherchait à l’agresser mais ce fut une jeune fille qui s’approcha en courant. Elle était vêtue de noir, avait des longs cheveux et ses yeux étaient rouge sang.
« Excusez moi mademoiselle, je débute et je l’ai pas fait exprès »
En voyant le visage tout confus de la jeune fille, Hotohori se mit à rire. La jeune fille fit de même puis dit à la geiko :
« Je me nomme Pandorah. Encore pardon pour l’incident » Hotohori s’inclina en guise de salut. Pandorah était une fille assez étrange mais Hotohori se sentait bien en sa compagnie. Elle avait le curieux sentiment d’avoir toujours connu cette jeune fille et sans même s’en rendre compte, elles s’assirent et se mirent à discuter en plein milieu du désert à l’ombre de ce palmier solitaire. Elles ne virent pas le temps passer et lorsque le crépuscule arriva, Hotohori coupa brusquement la conversation.
« Ma mission ! Il faut que je partes »
C’est alors que Pandorah, se relevant, fixa d’un air étrange Hotohori. Ses yeux rouges brillaient d’une drôle de lueur. Ses longs cheveux noirs se mirent à flotter étrangement dans la bise du soir. Elle dit à la geiko
« Je sais que ton mari ne te rends pas heureuse. Tu n’oses en parler mais ta douleur est palpable. Alors laisse moi être ta confidente et écoute ma prophétie :
Si il ne te rends pas heureuse, c’est qu’il en rend heureuse une autre.
Si il t’envoie seule en mission, c’est qu’il la voit en ce moment même.
Si tu rentres chez toi maintenant, tu les surprendra dans la chambre.
Si tu n’exécute pas ta mission aujourd’hui, tu connaîtras la vérité. »
La lueur dans les yeux de Pandorah disparut d’un coup. Elle tomba à genoux. Relevant la tête vers Hotohori, elle prit un air désappointé
« Encore une de ses maudites absences… excuse moi Hotohori. Cela m’arrive un peu trop souvent, j’espère que je ne t’ai pas fait peur. »
Hotohori aida Pandorah à se relever.
« Ne t’inquiète pas Pandorah, ton absence, si on peut la nommer ainsi, m’a fait réfléchir. Je dois partir à présent, mais ça serait un plaisir de te revoir très bientôt »
Pandorah sourit et acquiesça d’un signe de la tête. Hotohori s’enfuit dans le désert et retourna au manoir des Via Infinito.

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